Actions de Performance Energétique
La hausse du coût de l’énergie pousse industriels et acteurs du tertiaire à traquer tout ce qui affaiblit la performance énergétique des installations. La démarche vertueuse au plan environnemental et climatique est devenu un impératif économique. Aux côtés de certains dispositifs complexes à mettre en œuvre, les Actions de Performance Energétique se multiplient. Ces outils innovants confirment de plus en plus leur intérêt pour relever le défi de la sobriété énergétique.
Décryptage avec Estelle Declomesnil
Responsable Performance Energétique chez MCI, une entité d'Equans France
Qu’entend-on précisément par APE ?
Derrière cet acronyme se cachent les Actions de Performance Energétique. Il s’agit tout simplement d’actions qui permettent de rendre une installation industrielle moins énergivore. Ces initiatives nécessitent des investissements plus ou moins conséquents et constituent donc un dispositif très agile et adapté à tous. Et comme elles ne sont pas soumises à l’obtention de subventions ni à un cadre normatif et réglementaire, elles ont actuellement le vent en poupe, en particulier dans un contexte de tensions internationales qui entraînent une hausse sensible des coûts de l’énergie. Les contrats de suivis de performance sont eux aussi souples et peuvent prévoir ou non des engagements.
Quelles sont les applications sur le terrain ?
Tout dépend du type de client et de sa situation individuelle. Prenons le cas des grandes surfaces et des installations frigorifiques. L’objectif est d’assurer une production de froid constante mais avec une consommation d’énergie plus faible. Cela peut passer par le recours à des technologies innovantes sur les centrales de production pour les rendre plus efficientes, mais aussi par de simples optimisations des paramètres d’exploitations. Le personnel des grandes et moyennes surfaces (GMS) peut avoir la fâcheuse tendance de laisser les portes des chambres froides ouvertes. En installant des capteurs, il est possible de prévenir les opérateurs par un signal visuel ou auditif. La chasse aux fuites se révèle elle aussi souvent bénéfique pour réduire drastiquement le gaspillage énergétique. Des dispositifs de récupération de chaleur sur les installations se développent partout en France. Là encore, l’idée est simple : apporter une réponse à tout gaspillage ou surconsommation qui peut être facilement évitée. Il est d’ailleurs aussi utile que peu coûteux d’installer des outils de mesure de la consommation et de fixer des objectifs à atteindre en optimisant les réglages.
Dans le secteur tertiaire, les APE visent par exemple à rationnaliser le pilotage et le fonctionnement d’un bâtiment à travers des indicateurs pertinents comme la température dans les halls et les bureaux ou encore la régulation de l’utilisation de l’éclairage. Les moyens de mesure seront d’ailleurs obligatoires à partir du 1er janvier 2025 dans les bâtiments tertiaires dont la puissance de chauffage ou climatisation est supérieure à 290 kW.
Du côté des industriels, certaines installations se révèlent parfois particulièrement énergivores mais le niveau de maturité sur les mesures à prendre y est aussi, et heureusement, très élevé. Des suivis et des indicateurs sont généralement déjà mis en place ce qui implique une plus grande technicité ainsi qu’une exigence renforcée vis-à-vis des intégrateurs de solutions.
Quelles sont les perspectives de développement des APE ?
Il faut toujours du temps pour qu’une pratique se généralise. Néanmoins, les tensions sur les marchés de l’énergie accélère le développement des APE sur l’ensemble des opérateurs. Tous les clients, sans exception, veulent rendre leurs installations les plus performantes possibles. Le prix seul n’est plus l’indicateur privilégié. Et de tels dispositifs, généralement rentabilisés en 2 ou 3 ans seulement, sont très appréciés pour leur efficacité autant que leur simplicité. C’est en quelque sorte le retour du bon sens dans la gestion énergétique.
Sur le marché du tertiaire, la volonté des clients est de remplacer le gaz par des installations électriques. Le spectre de la rupture d’approvisionnement est un scénario de plus en plus redouté. On retrouve la même tendance chez les industriels. La sécurisation des apports énergétiques se conjugue alors avec la préoccupation de l’efficacité énergétique et économique. L’installation de pompes à chaleur avec des technologies thermodynamiques et la récupération de chaleur fatale pour assurer le préchauffage de certaines étapes de production sont très prisées.
Avec un retour sur investissement rapide, les APE se multiplient et avec eux la capacité à suivre en temps réel les consommations, à être alerté immédiatement dès le dépassement de seuils, et à apporter les réponses adaptées en cas de dérive. Cette approche efficace et pragmatique nécessite instrumentation et supervision mais surtout un changement de mentalité sur toute la chaîne de valeur, de l’installation à la maintenance en passant par la formation.
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