L'hydrogène bas carbone : l'énergie du futur
Cap sur l'hydrogène
Par caroline Mazzoleni,
Responsable activité hydrogène chez Equans
L'hydrogène bas carbone, une source d'énergie aux multiples usages
Depuis une dizaine d'années, une source d'énergie surprenante s'invite dans toutes les discussions lorsqu'on parle d'énergie du futur. C'est l'hydrogène bas carbone qu’on appelle aussi hydrogène renouvelable ou vert. Au fait, qu'est-ce que l'hydrogène et comment l'obtient-on ? Pour le savoir nous avons rendez-vous avec Caroline, à la tête des activités hydrogènes chez Equans.
Qu'est-ce que l'hydrogène et comment l'obtient-on ?
L'hydrogène est un vecteur énergétique qui peut être produit de différentes façons à partir d'énergies fossiles. La plupart du temps, mais également à partir d'énergies renouvelables ou bas carbone et spécifiquement à partir d'électrolyse de l'eau.
C'est très simple, on prend des molécules d'eau H2O, on fait circuler un courant électrique et on vient casser ces molécules d'eau pour récupérer d'un côté l'hydrogène gazeux, qui est un vecteur énergétique dédié à la décarbonation de différentes activités et de l’autre côté, de l'oxygène.
Le potentiel de l'hydrogène est immense depuis des années maintenant et Equans s'est emparé de ce sujet notamment dans la transformation de l'industrie. Comment est née cette solution au sein d’Equans ?
Chez Equans, on a la volonté de se positionner comme un leader de la transition énergétique et de ce fait, Equans accompagne ses clients sur la transition de leurs activités notamment sur le fait de réinventer et de permettre à l'industrie de perdurer avec des solutions innovantes.
Et l'hydrogène est un vecteur énergétique aujourd'hui qui va permettre à l'industrie de trouver des solutions bas carbone qui sont indispensables à la pérennisation des activités. On souhaite accompagner nos clients avec ces solutions et pouvoir les déployer à leurs services le plus rapidement possible. C'est comme ça qu’est né l'activité hydrogène au sein d’Equans, avec la volonté de s'appuyer sur le positionnement déjà historique du Groupe Bouygues sur la production d'énergies renouvelables et notamment le solaire et l'éolien.
Que ce soit dans le domaine des transports de l'industrie ou de la production d'énergie, l'hydrogène offre-t-elle des solutions prometteuses pour répondre aux défis climatiques ?
J'ai été assez surprise de la vitesse avec laquelle les gens s'acculturent à cette nouvelle énergie. Nécessite aussi d'adapter tout un cadre réglementaire et sécuritaire parce qu'on est sur l'usage d'une énergie qui est habituellement historiquement été utilisé dans l'industrie avec un cadre et des gens qui étaient formés et aguerri à ce type d'usage, et là de pouvoir faire le plein de son véhicule à hydrogène à nécessité de faire évoluer l'usage les véhicules. Je suis assez fasciné par la capacité à l'ensemble de l'industrie de s'adapter et cela nécessite de travailler tous ensemble avec un écosystème de partenaire qui travaille à l'émergence de cette filière et je suis assez fascinée par ça.
Maurice Blondel disait le futur ne se prévoit pas il se prépare.
Comment la production d'hydrogène bas carbone peut-elle contribuer à décarboner l'industrie et quels sont ses autres usages potentiels, tels que dans les flottes de véhicules lourds et le stockage de surplus d'électricité renouvelable ?
L'hydrogène est utilisé pour décarboner des activités telles que l'industrie, la mobilité mais également servir de vecteurs de flexibilité pour pallier l'intermittence des énergies renouvelables.
En effet, aujourd'hui, on essaie de plus en plus d'intégrer des énergies renouvelables dans le mix énergétique. Le problème de ces énergies renouvelables est qu'elles sont intermittentes. L’enjeu est donc leur stockage. Et on ne peut pas les stocker dans des batteries parce qu’elles sont dédiées à du stockage utilisables à court terme.
L'hydrogène peut être utilisée comme avec un vecteur de stockage d'énergie sur le long terme, on peut donc la stocker sur de très longues durées, des semaines, des mois sans pertes d'énergie et la restituer derrière à travers ce qu'on appelle des piles à hydrogène pour la réutiliser en fonction des besoins.
Demain nos camions, nos bus et peut-être même nos avions et nos bateaux fonctionneront-ils à l'hydrogène ?
L'hydrogène est vu comme un vecteur de décarbonation pour la mobilité en général donc plutôt sur des gros véhicules, pour lesquels les véhicules à batterie ne sont pas compatibles pour des raisons de puissance nécessaire.
On parle des camions, des bus mais également d'autres types de mobilité nécessitant de la décarbonation. C'est le cas par exemple du maritime, mais aussi de l'aviation qui ne peut pas utiliser de l'hydrogène gazeux pour des raisons simples de maintien d'hydrogène gazeux dans l'atmosphère en haute altitude et de poids également. On utilise plutôt des dérivés d'hydrogène tel que le e-kérosène, pour en faire des e-fuels et des carburants alternatifs.
Dans le secteur de l'agriculture, Equans travaille avec la Dordogne sur un projet particulièrement innovant transformer les déchets agricoles en méthane de synthèse un gaz qu'on retrouve dans le chauffage de nos bâtiments. Dites-nous en plus ?
La Dordogne est un département assez rural, qui avait la volonté de déployer une infrastructure de production et de distribution d'hydrogène pour différents usages.
La Dordogne est déjà équipée de nombreux méthaniseurs. On vient dégrader des déchets agricoles pour produire du biogaz (à peu près 60 %) et également du CO2. Ce CO2, aujourd'hui, n’était pas valorisé, donc l'idée est venue sur un projet très innovant de combiner ce CO2 avec de l'hydrogène pour en faire du méthane de synthèse et pouvoir l'injecter à nouveau dans le réseau.
Il touche tous les usages qui sont ceux du gaz distribué à travers les réseaux de distribution en France dont le chauffage.
Equans travaille avec un grand port européen pour accueillir les futurs bateaux à hydrogène
On le voit, l'hydrogène a vocation à être utilisé dans des secteurs de l'industrie assez spécifique qui demande beaucoup d'énergie, on peut citer la sidérurgie, la production d'engrais, les verreries et la papeterie mais il faut également penser à l'approvisionnement en hydrogène pour ces usages maritimes.
Toujours dans l'optique de décarboner les activités et notamment la mobilité, Axima, une marque de Equans, s’est positionné sur un projet de décarbonation de la mobilité fluviale notamment sur un grand port maritime européen pour lequel l'ambition est de concevoir et installer des infrastructures pour ravitailler les bateaux qui vont naviguer sur les différents fleuves.
Ce projet fait l'objet d'un dépôt de demande de subvention au niveau de l'Europe et fait donc partie des projets pionniers en matière de décarbonation de la mobilité fluviale.