La ventilation au service de la défense nucléaire
Par Bastien Goudeman, Directeur opérationnel Axima Nucléaire
Quand vous parlez de votre travail, quelle est la première chose que les gens imaginent ?
Quand je parle de mon boulot avec des amis, ils s'imaginent le petit bonhomme d'Homer Simpson touchant des produits radioactifs verts qui se transforment en je ne sais pas quoi. La réalité, c'est que je fais de la ventilation nucléaire, sur des projets de modification ou d'installations neuves de ventilation, fluides thermiques et fluides process. Quand on parle nucléaire, les gens pensent tout de suite aux centrales nucléaires, c'est effectivement une partie de l'activité. Il y a également toute une partie de recherche, le cycle du combustible, le démantèlement, et la partie nucléaire typiquement des sous-marins.
Pouvez-vous nous parler de votre travail sur le porte-avions Charles de Gaulle ?
Connu dans le monde entier, le porte-avions Charles de Gaulle est une composante essentielle de la dissuasion nucléaire française. Axima Nucléaire avait historiquement participé à la conception et à la réalisation de la ventilation nucléaire du porte-avions Charles de Gaulle. Aujourd'hui, on intervient beaucoup sur des installations d'accueil de ces équipements.
Typiquement, lorsqu'un sous-marin ou un porte-avions arrive, il faut réaliser des interventions de maintenance, y compris sur la partie chaufferie nucléaire. Cela nécessite des installations à des niveaux de sûreté très élevés, et nous intervenons sur la réalisation de ces installations.
Quels sont les enjeux quotidiens dans votre travail ?
Au quotidien, je m'appuie sur l'expertise métier de mes équipes pour répondre à des enjeux de première importance, avec un objectif majeur : la maîtrise des contaminations.
Nos entités contribuent à sécuriser l'activité nucléaire au sens large en France. On contribue à renouveler les installations nucléaires françaises qui, pour certaines, datent des années 60.
Les projets que nous traitons, qu'ils soient civils ou militaires, sont des projets à enjeux. Nous devons réussir du premier coup, car l'erreur a des impacts significatifs. Un réseau de ventilation qui ventile mal pendant un certain temps peut potentiellement contaminer des locaux qui ne devraient pas l'être.
Quel a été votre parcours avant de devenir directeur opérationnel ?
Avant d'être directeur opérationnel des activités nucléaires chez Equans, j'étais chef de projet sur le projet DUS (Diesel d'Ultime Secours), un projet emblématique pour EDF qui a nécessité une haute capacité d'organisation. Le projet DUS était un projet post-Fukushima. Après le séisme, il manquait une alimentation électrique de secours dimensionnée pour les pires cas. L'idée d'EDF était d'avoir un “noyau dur”, un ensemble d'équipements alimentés même en cas de crise majeure. L'objectif n'était pas de maintenir une centrale en fonctionnement, mais de confiner la matière et de limiter l'impact de l'accident au strict minimum. Le bâtiment DUS, avec un groupe électrogène, doit fonctionner après un séisme, une inondation, une explosion aux abords de la centrale, etc.
Comment conciliez-vous votre passion pour la musique avec votre métier ?
Lorsque je compare mon travail à celui d'un chef d'orchestre, cela ne vient pas de nulle part. En effet, je ne suis pas seulement un professionnel du nucléaire, je suis aussi un trompettiste passionné de musique, un art qui repose sur l'harmonie. Je fais beaucoup de musique et cela me coupe vraiment de tout ce qui peut rester en tête par rapport au boulot.
Nos métiers sont prenants et intéressants, mais la musique me permet de me concentrer sur autre chose. Je redeviens exécutant pur. En musique, on s'adapte aux autres, avec des gens de niveaux et de styles différents. L'objectif est d'harmoniser le tout, comme dans un projet où chacun joue sa partition pour un résultat global.