A quoi ressemblera l’avenir des mobilités durables ?
Rencontre avec Éric Barbereau, responsable marketing, expérience client et formation chez Systrans. Il nous éclaire sur les solutions développées par cette entité d’Equans pour répondre aux défis des bus, des trains et des tramways.
Quelles sont les missions de Systrans ?
Systrans est une filiale de la société d’Equans, leader mondial dans le secteur des systèmes et services de transport intelligents.
Notre travail, c’est de fournir aux exploitants de transport public un outil de supervision de leur réseau. Il leur permet de gérer le réseau au quotidien : en termes de parc, d’agents de conduite, d’horaires, de respect des offres théoriques qu’ils ont à assurer auprès de leurs clients.
Systrans propose donc tout un écosystème de solutions pour rendre les transports plus intelligents et plus fluides. Parmi ces solutions se trouve l’offre Navineo.
Qu’est-ce que Navineo et à quoi sert-il ?
Navineo, c’est un nom générique qui couvre l’ensemble de nos solutions de système d’aide à l’exploitation et d’information voyageur.
Aujourd’hui, nous sommes capables de fournir pratiquement tous les systèmes d’exploitation, tous les opérateurs de systèmes, qu’il s’agisse de bus, de tram ou de train en partant d’un opérateur qui n’a que 10 véhicules jusqu’à celui qui en a 10 000.
Navineo désigne ces différents systèmes qui partagent une même base, mais sont adaptés à différents volumes. Navineo couvre l’ensemble des systèmes d’aide à l’exploitation et à l’information des voyageurs.
En 2025, une nouvelle feuille de route a été lancée : Road to Innovation. Que contient-elle ?
C’est un projet ambitieux pour rendre les transports en commun plus durables, plus confortables et plus efficaces. Un exemple concret : l’exploitation des bus électriques.
L’autonomie d’un bus électrique, c’est un peu comme le niveau de batterie d’un téléphone. Mais contrairement à notre portable, un bus ne peut pas se brancher n’importe où. Il faut donc planifier, organiser, et surtout ne pas tomber en panne au milieu d’une ligne. Le souci, c’est que l’autonomie annoncée par les fabricants est souvent trop optimiste : météo parfaite, pas trop de passagers, pas de bouchons, ni de côtes à monter… Dans la vraie vie, il fait froid, il pleut, le chauffage tourne, le bus est plein.
Résultat : la batterie fond plus vite. Et si on n’y prend pas garde, on risque la panne et de mettre les passagers en retard. Systrans a donc développé des fonctionnalités sur-mesure pour solutionner ce problème.
Comment y répondez-vous concrètement ?
Nous travaillons aujourd’hui sur du machine learning appliqué aux bus électriques. Avec l’intelligence artificielle pour améliorer la prédiction des distances réalisables en fonction de la charge, la météo, la topologie du réseau (montées, descentes…).
Ces données sont historisées pour produire des prédictions fiables. Cela permet à l’exploitant de ne pas être pris au dépourvu dans l'exploitation de son parc de véhicules électriques. Avec ce système de gestion intelligent des réseaux, la régie de transport a une visibilité permanente sur le niveau d’autonomie de ses véhicules, qu’ils soient au dépôt ou en train de rouler.
Road to innovation intègre également la refonte des interfaces. Pourquoi ?
L’idée est de rendre les écrans Navineo plus clairs, plus intuitifs. Pour une exploitation plus efficace, l’opérateur peut visualiser en un coup d’œil la fréquentation, la ponctualité des transports, ou les perturbations du trafic.
Et pour couronner le tout, Navineo propose une nouvelle fonctionnalité pour aider les équipes terrain en temps réel : la gestion du rétablissement d’agent. Une fonction toute nouvelle, utile dans le cadre de dégradation du réseau. Quand tout va bien, l’offre de transport prévoit les rotations des bus toute la journée sur les lignes, avec les agents qui se succèdent dans les véhicules au rythme des "relèves".
Mais lorsqu’il y a une dégradation sur le réseau, et qu’un bus ou un tram ne peut plus aller du point A au point B, tout le planning est chamboulé. Les conducteurs restent dans leur véhicule, à attendre d’être relevés. Il faut donc trouver des remplaçants.
Avec cette fonction dans Navineo, cela permet de mettre les bons agents à la bonne place, même en situation dégradée. Le système va automatiquement dire : "à l’heure actuelle, j’ai tel agent dans tel véhicule", et proposer l’endroit optimal pour effectuer l’échange, et replacer les bons agents dans les bons véhicules.
Qu’est-ce que Navineo Lab ?
Nous avons lancé Navineo Lab, un ensemble de projets de recherche qui repoussent les limites de la mobilité en intégrant des technologies de pointe aux systèmes de transport intelligents.
Navineo Lab, c’est aller regarder ce qui se fait de nouveau dans la technologie pour voir comment on pourrait l’intégrer dans nos systèmes, afin d’être plus performants et de donner plus de possibilités ou de facilités à nos utilisateurs, pour aller plus vite vers un résultat face à une problématique.
C’est la possibilité d’aller faire des tests chez nos utilisateurs, directement sur site, pour voir dans la vraie vie comment ça se passe. C’est aussi travailler avec des universitaires, leur confier des projets de réflexion, pour qu’ils commencent à creuser certains points qui pourront, ensuite, nous être utiles et nous permettre d’améliorer encore nos systèmes.
Face au besoin de gérer un nombre croissant d’agents sur le terrain, la fiabilité et la sécurité des communications est essentielle. C’est pourquoi Navineo lab s’appuie sur les meilleurs standards de communication radio, afin de garantir une transmission fluide des informations. Un atout majeur dans un contexte où la coordination et la rapidité d’action font toute la différence.
La sécurité des communications est aussi un enjeu fort, non ?
Oui, et c’est pour cela qu’on travaille avec le standard MCPTT, une solution radio de sécurité privée, avec des communications chiffrées, pouvant être entièrement dédiées aux opérateurs de transport. Les fournisseurs de réseau, comme Bouygues ou Orange, peuvent allouer des canaux aux opérateurs de transport pour utiliser cette nouvelle génération de radio, aujourd’hui très prisée et très largement utilisée typiquement par les forces de l’ordre. C’est une radio considérée comme inviolable.
Les véhicules autonomes façonnent déjà le futur du transport. Où en êtes-vous sur ce sujet chez Systrans ?
Quelque chose de très important sur lequel on travaille, ce sont les transports autonomes. Ça semble un peu lointain pour certains. Le transport autonome, ce sont des véhicules sans conducteur. On les connaît en Île-de-France avec les métros automatiques, mais aujourd’hui, on parle aussi de véhicules routiers sans conducteur.
Des tests sont menés, et notre enjeu, à nous, c’est de savoir les gérer avec un système d’aide à l’exploitation.
Avoir tous les avantages d’un réseau de transport public, mais avec des véhicules autonomes. Ça nous semblait, à nous aussi, très lointain… mais en discutant avec nos clients, on se rend compte que c’est pour bientôt.
Et c’est pour ça que nous sommes assez fiers d’être en avance de phase sur ce sujet, et de savoir aujourd’hui presque complètement intégrer des véhicules autonomes dans notre système d’exploitation.
Qu’est-ce qui vous motive au quotidien dans votre métier chez Systrans ?
Ce qui fait que je suis content de me lever le matin pour aller bosser, c’est que chez Systrans, on est à l’écoute des exploitants. On n’innove pas pour se faire plaisir, on essaie vraiment de répondre à leurs attentes, de créer des outils efficaces qui vont leur rendre la vie plus facile pour gérer les bus, les trams, les trains, les bateaux, les vélos, etc.
Et c’est ça qui est enthousiasmant. On n’est pas dans le virtuel ou dans la troisième dimension. On est au contact de la réalité, au contact des professionnels du transport public, et on met tout en œuvre pour répondre à leurs attentes.